Comment les vers de terre se nourrissent-il?

Schéma du tube digestif d’un ver de terre. Comment se nourrissent les vers de terre? Les vers de terre ingèrent leur nourriture en l’aspirant avec leur prostomium et leur pharynx musculeux, qui crée une très forte succion. La nourriture est entreposée dans le jabot, puis broyée en particules plus fines et plus faciles à digérer dans le gésier. Les vers de terre ont besoin d’un gésier, car ils n’ont pas de dents. L’absorption des éléments nutritifs s’effectue au niveau du petit intestin. Les vers de terre se nourrissent probablement à mesure qu’ils se déplacent dans le sol. Peu sélectifs, ils avalent indifféremment n’importe quelle matière morte comme les débris végétaux et animaux en décomposition. Ils ingèrent rapidement d’importantes quantités de nourriture – ils peuvent rejeter en 24 heures l’équivalent de leur propre poids en déjections (excréments)!

Où vivent les vers de terre?

Les vers de terre sont présents partout dans le monde. L’Australie, le Sahara, le Groenland et la Chine sont parmi les seules régions du monde à posséder leurs propres espèces indigènes. Bien que de nombreuses espèces vivent dans les divers horizons (couches) du sol ou dans la couche superficielle, d’autres préfèrent les grumes pourries, l’aisselle des branches d’arbres (jusqu’à 10 m au-dessus du sol) ou les sols détrempés des rives des plans d’eau (lacs, rivières, ruisseaux et étangs).

En dépit de la nature passablement diversifiée de leurs habitats, toutes les espèces de vers de terre partagent certaines exigences environnementales qui doivent être impérativement satisfaites. Ainsi, tous les vers de terre ont besoin d’un approvisionnement en nourriture adéquat et facilement accessible. Ils demeurent d’ailleurs généralement à proximité de leur source de nourriture. Comme ils respirent par la peau (ils n’ont pas de poumons), il est également important que leur environnement soit humide, sans quoi ils ne peuvent plus respirer. Les vers de terre rejettent des liquides internes (équivalant aux liquides excrétés par la transpiration) qui captent les molécules d’oxygène dissous. La saturation du sol en eau (précipitations importantes) prive les vers de l’oxygène dissous dont ils ont besoin pour survivre et peut les forcer à remonter à la surface du sol. À la surface, ils seront exposés aux rayons ultraviolets du soleil, dont les effets sont létaux même après une brève exposition.

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Les vers de terre sont sensibles à la lumière et préfèrent les sols humides et légèrement chauds pour croître et se reproduire, creusant des galeries au fil de leur progression dans le sol. Certaines espèces creusent des galeries verticales profondes. Ces espèces sont dites anéciques. D’autres espèces creusent continuellement pour former un réseau complexe de galeries verticales et horizontales dans la rhizosphère. On qualifie ces espèces d’endogées. Enfin, d’autres espèces, qualifiées d’épigées, ont des aptitudes fouisseuses limitées et vivent en permanence dans la couche superficielle du sol formée par la litière. Elles y creusent des galeries verticales peu profondes qui leur procurent un refuge temporaire contre la sécheresse, la chaleur et les perturbations.

Malgré leur petite taille, les vers de terre sont résistants et ont recours à un certain nombre de stratégies pour survivre lorsque les conditions environnementales se détériorent. À l’approche de l’hiver, lorsque les températures s’abaissent et le sol commence à geler, les vers de terre s’enfoncent plus profondément dans le sol et entrent dans un état de torpeur appelé diapause, après avoir produit une substance antigel naturel et s’être enroulés sur eux-mêmes en un peloton serré. La dormance peut également être induite en été par l’apparition de conditions trop chaudes et trop sèches. On parle alors d’estivation.

Comment se reproduisent les vers de terre?

Parmi tous les organismes du sol, ce sont certainement les vers de terre qui présentent un des modes de reproduction les plus étranges. Les vers de terre sont des organismes hermaphrodites, c’est-à-dire des animaux qui possèdent simultanément les organes reproducteurs mâles et femelles. Ceci nous amène à l’une des idées fausses les plus répandues concernant les vers de terre, à savoir qu’ils peuvent se féconder eux-mêmes. Bien que l’autofécondation (parthénogenèse) s’observe chez certaines espèces, le phénomène n’est pas courant. La plupart des espèces ont besoin d’un partenaire de la même espèce pour se reproduire.

Accouplement de deux vers de terre

Chez les vers de terre qui sont prêts à s’accoupler, le clitellum, normalement rosé, vire au rouge orangé. Les deux partenaires se placent ventre à ventre, en position inverse (tête-bêche), et échangent leurs spermatozoïdes (sperme). Le sperme est contenu dans la spermathèque. L’échange de sperme entre les deux vers s’effectue en même temps. Un manchon muqueux se forme alors autour du clitellum. En séchant au contact de l’air, ce manchon se remplit d’un liquide appelé albumine. Le ver de terre s’extirpe alors tête première du tube en rampant. Durant sa progression du clitellum au prostomium, le manche glisse au-dessus du pore femelle, qui libère des œufs dans la capsule, puis du pore de la spermathèque (pore mâle), qui déverse les spermatozoïdes qui y étaient entreposés. Certaines espèces de vers de terre s’accouplent à la surface du sol, tandis que d’autres le font dans le sol. En raison de l’obscurité qui règne dans le sol, on croit que les vers de terre émettent une phéromone (substance chimique) afin d’indiquer aux autres vers qu’ils sont prêts à s’accoupler.

Quelle est la fonction écologique des vers de terre?

Les vers de terre se nourrissent surtout de matière organique (matière végétale morte et, dans certains cas, déjections animales) à divers stades de décomposition. Ils se nourriraient aussi beaucoup de bactéries, de champignons, de protozoaires, de nématodes et d’acariens vivants, ainsi que de leurs tissus morts. Il existe une classification des vers de terre fondée sur ce qu’ils mangent. Les vers dits épigés vivent à la surface ou à proximité et se nourrissent de la litière végétale, des racines mortes ou des déjections animales de la riche couche organique du sol. Les vers endogés vivent plus profondément et se nourrissent surtout de terre et de matière organique riches en terre. Enfin, les vers anéciques, vivant dans des galeries verticales profondes, comme le Lumbricus terrestris, se nourrissent principalement de litière végétale de surface, qu’ils transportent dans les profondeurs de leurs galeries, surmontées de petits tertres.

Biologique

Les vers de terre remplissent des fonctions uniques dans le sol. Les grandes galeries permettent à l’eau de pluie de pénétrer facilement dans les sols en augmentant leur taux d’infiltration. L’accélération de l’infiltration de l’eau limite le ruissellement et l’érosion, et permet à l’eau de pénétrer dans la rhizosphère où elle peut être utilisée par les végétaux. Ces galeries permettent également aux racines de se développer facilement dans le sol et d’explorer de nouveaux espaces. Le sol travaillé par les vers de terre possède une structure granulaire stable (agrégat) moins sensible à l’érosion éolienne.

Les vers de terre sont considérés comme très importants dans le recyclage de la matière organique du sol. Certaines espèces se chargent d’enterrer les résidus organiques superficiels, alors que d’autres participent activement à leur décomposition en rendant d’importants éléments nutritifs accessibles à d’autres organismes vivants du sol, comme les végétaux.

productivite de sol

Les vers de terre comportent aussi certains aspects négatifs; en effet, dans certaines régions, des espèces introduites ont fait concurrence aux vers de terre indigènes. Or, cette concurrence limite d’autant les chances des espèces indigènes de se développer et même de survivre, car ces dernières vivent fréquemment dans de petites zones isolées. Bon nombre des vers de terre que nous estimons communs ont en fait été introduits d’Europe. Il ne s’agit pas nécessairement d’une mauvaise pratique, mais elle a créé certains problèmes. Citons, comme exemple, les tertres associés à Lumbricus terrestris; en effet, dans l’ouest du Canada où les sols sont dominés par un matériau d’origine calcaire, l’espèce anécique Lumbricus terrestris fabrique des tertres en « béton ». En effet, leur fouissement expose en surface les couches dures du sous-sol aux cycles de déshydratation et d’hydratation qui rendent ce matériau très dur et difficile à utiliser pour les potagers, les terrains de golf et les pelouses.